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Ferme Danicard : pionnière en grandes cultures biologiques

Comment un couple ayant étudié en guitare classique et en philosophie peut-il arriver à opérer une ferme pendant plus de 40 ans?

Comment un couple ayant étudié en guitare classique et en philosophie peut-il arriver à opérer une ferme pendant plus de 40 ans?  L’histoire de Christiane Sicard et de Daniel Coutu, de Rouyn-Noranda, est la preuve qu’avec beaucoup d’humilité, de détermination, de persévérance et d’amour, qu’il est possible de tout apprendre. Même élever un troupeau de vaches laitières ou se lancer en grandes cultures biologiques!

Qu’est-ce que la Ferme Danicard?

Daniel Coutu : La ferme Danicard est une ferme de grandes cultures biologiques certifiée par Ecocert, d’à peu près toutes les céréales à pailles (blé, blé planifiable, avoine, avoine nue). On fait aussi du foin pour chevaux qu’on livre en partie aux États-Unis (Floride, New-York, Boston, Connecticut) et un bon volume sur la Rive-Sud de Montréal.

Le blé, normalement, il va à la Milanaise, LA meunerie biologique au Québec. Depuis cette année, l’avoine va là aussi. L’avoine nue, elle est achetée et revendue à des transformateurs pour faire des semences.

Notre avoine a la particularité d’être très riche en protéine, très riche en énergie. Elle peut être consommée par les chevaux de course aussi.

Christiane Sicard : Je produis aussi de la farine, mais c’est à très petite échelle. Je fais ça dans ma cuisine, avec un petit moulin, pour me faire plaisir. Je vends de la farine intégrale et de la farine de blé entier. Mon permis me permet de vendre seulement à la maison ou dans les marchés publics, sinon, il faudrait que j’aie un autre local ailleurs. Mais ce n’est pas l’objectif. Je vends surtout à des passionnés.

Parlez-nous un peu de vous et votre parcours.

Daniel Coutu : C’est un parcours plutôt atypique. Nous sommes nés sur les trottoirs de la ville. Christiane à Amos, moi, à Rouyn. Mes études sont en philosophie et elle en guitare classique.

Nous sommes propriétaires depuis 1978. Au départ, c’était une ferme laitière. On est arrivés ici avec 55 vaches à traire et on n’avait jamais trait une vache de notre vie! On a tout appris de A à Z. Ç’a été des années difficiles. Ç’a pris beaucoup d’acharnement, mais on est passés à travers. Lorsqu’on a vendu notre troupeau, il était classifié parmi les meilleurs au Canada, au niveau génétique.

Il y a quelques années, après 37 ans, on a arrêté la production laitière. On était fatigués de faire 100 heures par semaine. On a fait une première transition vers les grandes cultures et ça n’a pas été concluant. Ce qu’on cultivait demandait énormément de pesticides. Donc on a décidé de faire le switch en biologique. La transition a pris trois ans et maintenant, ça fait trois ans qu’on est certifiés biologiques.

Quels sont les défis que vous avez dû relever au fil des années ? 

Daniel Coutu : Au début, il fallait comprendre comment fonctionne une vache! Ç’a été vraiment compliqué. On ne partait pas de loin… on partait de rien! Il y a eu des erreurs, des maladies dans le troupeau et des choses qui auraient être évitées.

Et en grandes cultures, surtout en biologique, c’est ÉNORMÉMENT d’apprentissages! C’est tellement différent! Je peux dire que 80 % de l’expertise que j’avais dans les sols ne me servent pas en culture biologique. C’est complètement différent! Enrichir les sols ou éviter qu’ils se vident de leur potentiel, en ne mettant pas d’engrais, c’est une autre affaire. Et on est encore dans l’apprentissage. On a des consultants, mais nous nous sommes rendus compte que ce qui pousse ici, est réellement différent de ce qui pousse ailleurs dans la province. Il y avait beaucoup de choses que nos conseillers ne connaissaient pas.

À quoi ressemblent vos journées?

Christiane Sicard : Je me lève à 5 heures le matin. Parfois,  4 heures et demie parce que l’habitude des vaches n’est jamais partie. Je vais sur Internet, je fais beaucoup de recherche pour gérer le jardin. Je suis à ma semi-retraite donc c’est une petite routine de la maison : le jardin, les achats en ville… Je fais aussi beaucoup de bénévolat et je m’occupe aussi de la comptabilité de la ferme.

Daniel Coutu : Moi, ça dépend des périodes. Quand on a de belles périodes, ça commence tôt le matin et ça finit souvent vers 23h ou minuit le soir. Pendant les battages, c’est un peu la même chose. Pendant les semis, c’est ça aussi. Dans les périodes intenses, je vais faire facilement 100 heures par semaine. Quand c’est moins intense et qu’on attend les battages, on prépare les équipements, l’entretien, on répare.

Quelle est votre plus grande fierté?

Daniel Coutu : C’est de voir des champs qui ont des rendements égaux ou supérieurs à la culture conventionnelle et sans mauvaises herbes. Avant d’en arriver là, il a fallu expertiser beaucoup de choses que même nos conseillers ne connaissaient pas.

Aussi, la qualité de ce qu’on cultive, en général, est supérieure de ce qu’ils vont avoir dans le sud du Québec. Beaucoup de producteurs envient la qualité des céréales à paille que nous avons. Une consultante a même envoyé mon nom à des gens qui cherchent du foin biologique pour une ferme laitière biologique au Maroc! Ils savent que la qualité de fourrages est supérieure ici en région. On devient une référence.

Quel est votre produit chouchou?

Christiane Sicard : La farine, je vois ça comme mon bébé. J’en prends soin, je le développe. Quand je vais au marché public, ça me fait rencontrer du monde. La farine intégrale, c’est la meilleure, parce qu’elle comprend tout le grain. La farine de blé entier, elle est bio aussi. C’est une très bonne farine aussi.

Quel est votre produit coup de cœur des autres producteurs?

Christiane Sicard : Les crottes de fromage! J’achète soit de Boréalait, soit de la Vache à Maillotte. C’est un incontournable. J’en achète tout le temps!

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