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Hommage à un ambassadeur des trésors de la forêt boréale

À la mémoire de Denis Harrison : 12 août 1961-30 septembre 2022

Il travaillait avec des distillateurs et brasseurs du Québec, avec des marchands d’épices et des restaurateurs. Denis Harrison, grand amant de la nature, a fait de la forêt sa maison, mais aussi son métier : il a été l’un des pionniers dans la mise en valeur des trésors de la forêt boréale. Portrait d’un regretté cueilleur.

Son départ soudain, fin septembre, en a surpris plus d’un. Aux Épices Crousset, une entreprise spécialisée dans les mélanges d’épices, on parle d’un cueilleur « vraiment fiable », mais surtout d’un « gentlemen. »

« Son départ m’a scié les deux jambes. Des cueilleurs, il n’y en a pas tant que ça au Québec. Certains de ses clients m’ont appelé parce qu’ils ne savaient pas vers qui se tourner désormais. Tout était dans sa tête. Il a emporté son savoir avec lui », lance Guillaume Crousset, président de l’entreprise qui dessert les producteurs d’alcools québécois, l’industrie de l’alimentation ainsi que la vente au détail jusqu’en Europe.

Pousses de sapin, achillée millefeuille, poivre des dunes : Guillaume Crousset dit avoir encore quelques échantillons cueillis par Denis Harrison en sa possession. Il recevait le thé du Labrador de Denis Harrison par « centaines de kilos. »

« Je voulais développer le poivre des dunes, en faire des mélanges et le proposer en Europe, énumère-t-il. On devait plancher là-dessus dans la prochaine année. »

Quelques semaines avec son départ, début août, il avait été possible d’accompagner Denis Harrison dans son territoire, près de Launay, en Abitibi. C’est là qu’il cueillait la vaste majorité de ses plantes, qu’il commercialisait sous l’enseigne Trésors boréals, mais qu’il vendait surtout en vrac à des acheteurs comme les Épices Crousset. « On a des ouvertures pour la France, donc on va en profiter pour essayer ça. Poivre des dunes, comptonie voyageuse, les fleurs, l’épilobe, le mélilot, la rose, il y en a une douzaine », se réjouissait-il, enthousiaste par rapport à ce mille et unième projet.

Une passion de longue date

Lors de cette cueillette de chanterelles communes, il a surtout parlé de sa passion pour la forêt, en particulier celle de son Abitibi natale.

« Depuis que je suis tout jeune que je dérange mes parents et grands-parents pour aller à la chasse, à la pêche, dans le bois. On a cueilli, comme à peu près tout le monde ici, des fraises, des framboises et des bleuets pour avoir des tartes, se souvenait-il. Si tu aimes la forêt, tu ne peux que t’intéresser à tout ce qu’elle peut contenir. Plus tu fais des découvertes, plus tu aimes ça. Plus tu as de connaissances, plus tu as de savoir, plus tu as de confiance, plus tu as de succès. »

Sa forêt, il la chérissait toute l’année durant. Et il savait exactement où trouver ce dont il avait besoin, été comme hiver. Il expliquait même recouvrir ses talles de thé des bois d’une bâche pour pouvoir étirer la cueillette jusqu’à la fin décembre, bien après les premières neiges.

« L’hiver, il y a le chaga après les fêtes. Il y a l’épinette blanche, noire, le sapin, la pruche. Du pin blanc aussi, c’est assez pour nous occuper! », faisait-il valoir, précisant que comme il en écoulait des milliers de livres chaque année, le thé du Labrador était de son calendrier de cueillette sur 12 mois.

Ermite des grands espaces et au grand cœur

Autrefois vendeur habitué aux « pitch de vente », Denis Harrison appréciait son mode de vie au rythme des saisons. Après avoir proposé ses thés, tisanes et champignons séchés dans les marchés publics et autres marchés de Noël de la région, il avait graduellement délaissé ces points de vente pour passer encore plus de temps en forêt.

« Moi je n’ai pas d’enfant, mais mes plantes sont toutes mes enfants et je préfère passer du temps avec elles! J’ai été sur la route aussi une bonne partie de ma vie, j’ai assez vendu. J’ai l’impression que je me déguise en vendeur et ce n’est pas ma job. Je suis un cueilleur, disait-il. Pas parce que je ne veux pas voir les gens, mais ma place n’est pas dans les marchés. »

Ses clients, dont les Spiritueux Ungava, la distillerie Alpha Tango, les Épices Crousset et de nombreux restaurateurs de la région, regrettent le départ de ce « passionné, développeur et précurseur. » Ils espèrent aussi qu’il aura su inspirer d’autres cueilleurs à suivre ses traces.

« Ça laisse un trou béant. C’était vraiment un chic type, un gentlemen qui aimait vraiment partager tout ce qu’il savait. Il travaillait beaucoup, mais c’était bien rare qu’il n’était pas disponible pour répondre à mes questions. C’était impressionnant. On voulait tous être son ami », conclut Daniel Corriveau, copropriétaire de Spiritueux Alpha Tango, précisant qu’il avait reçu sa dernière commande d’épinette des mains de Denis Harrison, une semaine avant sa mort.

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